Un delta endiguéL’endiguement du delta, suscité par la protection des cultures et des habitations, débute au 12e siècle pour s’achever en 1869. La digue à la mer, destinée à empêcher toute incursion marine non désirée, s’achève en 1859. Dix ans plus tard, à la suite des crues dévastatrices du milieu du 19e siècle (1840, 1841, 1843 puis 1856), les deux seuls bras actifs du Rhône sont enfermés entre des digues sur la totalité de leur cours. Dès ce moment, plus une goutte d’eau, hormis les précipitations, ne pénètre entre les bras du Rhône sans le bon-vouloir de l’homme. Les enjeux de l’eau deviennent la source de vives tensions entre les divers usagers. Enfermée dans un rempart de digues, l’île de Camargue semble à l’abri des méfaits du fleuve. La culture du risque s’estompe, jusqu’aux inondations de 1993. Les inondations des hivers 1993 et 2003Malgré un endiguement lourd de l’ensemble du delta, les inondations de 1993/94 rappellent que, face aux risques naturels, la sécurité totale n’existe pas. En quelques jours, les brèches ouvertes dans les digues par le petit Rhône inondent 12 500 ha soit 8% de la superficie du delta du Rhône, inondation favorisée par la morphologie en cuvette de la tête du delta. De multiples facteurs sont invoqués dont le mauvais entretien des digues. L’importance de la catastrophe ravive le débat sur la gestion du risque d’inondation et rappelle que la Camargue constitue une vaste plaine d’inondation naturelle que l’on ne pourra protéger définitivement des risques dus aux crues du fleuve. Un plan de lutte est mis au point par la municipalité (surveillance et entretien des digues, niveaux d’alerte et conseils à la population, nouveaux critères d’urbanisation). A la suite des inondations d’octobre1993 et de janvier 1994, un syndicat intercommunal de gestion des digues est créé qui deviendra ensuite le SYMADREM. Durant l'hiver 2003, pendant deux semaines, une crue généralisée du Rhône a mis en alerte la Camargue avec un débit maximal du Rhône à Beaucaire de 10320 m3/s. Cet événement a occasionné des dégâts dans les digues du Petit Rhône (affaissements, fissures…). En rive droite du Petit Rhône, la digue a été submergée au niveau de Pin Fourcat. En rive gauche, côté Gard, une brèche s'est ouverte à hauteur de Saint-Gilles.
Un réseau d'irrigationIl se développe dès le 16e siècle par l’usage et l’aménagement des bras abandonnés du fleuve. L’irrigation s’effectue alors par gravité. C’est le développement du vignoble, inondé pour lutter contre le phylloxéra, qui déterminera à la fin du 19e siècle, le passage à une irrigation active par pompage des eaux du Rhône. Aujourd’hui, 153 pompes réparties le long des deux bras du fleuve distribuent l’eau dans plusieurs centaines de kilomètres de canaux dont la gestion est, pour les deux tiers, collective et pour un tiers privée. Chaque année, le volume ainsi importé - 400 millions de m3 - atteint celui des précipitations.
Un réseau de drainageL’introduction massive d’eau douce dans le delta endigué a vite posé le problème de l’évacuation des excédents. Le drainage est un souci collectif dès le 16e siècle mais le réseau se généralise et se structure à la fin du 19e. L’écoulage, d’abord par gravité s’effectue vers l’étang du Vaccarès. Mais avec l’essor de la riziculture (années 1950) et l’augmentation considérable des volumes d’eaux introduits, les étangs s’engorgent. Le drainage des terres se fait difficile. Il nécessite le repompage des eaux (200 millions de m3/an) vers le Rhône et la mer et pour cela le partage de l’île de Camargue en 6 bassins de collecte des eaux (deux continuent pourtant aujourd’hui d’évacuer vers l’étang du Vaccarès). |
Le SYMADREM, un syndicat de gestion des digues du Rhône et de la merA la suite des inondations d’octobre 1993 et de janvier 1994, un syndicat intercommunal de gestion des digues est créé en décembre 1996. Il regroupait les communes d’Arles, de Port-Saint-Louis-du-Rhône et des Saintes-Maries-de-la-Mer. |