Ressource économique, biologique et culturelle, l’eau focalise de forts enjeux dans le delta. Ses différents usages divisent les acteurs locaux (agriculteurs, éleveurs, pêcheurs, saliniers, coupeurs de roseaux, protecteurs de la nature, chasseurs, baigneurs ou simples habitants) et engendrent de fortes tensions sociales.
Depuis 1859, la "digue à la mer" protège les terres des incursions marines. Les échanges entre la mer et l'intérieur des terres ne se font qu'à travers despertuis. Les pertuis de La Fourcade et de la Comtesse sont fonctionnels tandis que celui de Rousty s'est ensablé. Là, la manipulation de vannes détermine la salinité et les niveaux d'eau de milliers d'hectares (étang du Vaccarès, étangs "inférieurs") autour desquels les enjeux sont variés.
Un même geste, l'ouverture des vannes, conduit à des situations contraires selon les niveaux d'eau et le sens du vent :
Ainsi, la manipulation des vannes de la "digue à la mer" résulte-t-elle d'intérêts variés, agricoles, halieutiques, de conservation de la nature, de sécurité publique. C'est pourquoi une concertation est indispensable. Elle est animée par le Parc naturel régional au sein d'une "Commission exécutive de l'eau" où tous ces intérêts sont représentés. Dans un tel contexte, un garde est chargé d'assurer, sur le terrain, la surveillance et les opérations d'ouverture et de fermeture.
La nature des conflits entre usagers de l’eau tourne autour de trois questions qui sont par ordre d'importance :
D’avril à septembre, le delta reçoit 400 millions de m3 d’eau douce pour les besoins de la riziculture et 125 millions de m3 d’eau de mer pour ceux de la saliculture. Il est donc gorgé d’eau au c½ur de l’été. Durant l’hiver, rizières et salins sont mis à sec. Autrefois en été, les conditions naturelles de la région (forte évaporation, faibles précipitations, basses eaux du Rhône) déterminaient une phase d’assèchement plus ou moins marquée des zones humides et des lagunes du delta. Plus tard, les crues d’automne et les tempêtes hivernales le remplissaient. L’hydrologie actuelle du delta est donc complètement inversée.
Une enquête de 1996 montre que 53 % des usagers sont insatisfaits de la gestion de l’eau. Ces difficultés ont trois causes principales.