Depuis 10 000 ans, les paysages du delta du Rhône muent en permanence sous l’influence du climat, du fleuve, de la mer, de la végétation. Les activités humaines qui ne cessent de croître au fil des siècles sont, aujourd’hui, la première cause de ces mutations.
La construction du delta du Rhône débute il y a 10 000 ans environ, avec la pénétration puis le recul de la mer dans le couloir rhodanien, construction sans doute favorisée par les premiers défrichements et l’érosion consécutive du bassin versant. L’édification du delta du Rhône s’effectue par une première flèche de sable qui régresse ensuite au profit de deux autres, toujours existantes, celles de Beauduc à l’est et de l’Espiguette à l’ouest.
Début de la mise en culture du delta du Rhône et naissance d’une agriculture par grands domaines dite «latifundiaire».
Début d’endiguement des bras du Rhône ; l’exploitation forestière (bois pour la marine) et agricole (moines) fait régresser les boisements. Les premiers villages s’installent (Saintes-Maries-de-la-Mer).
Fin des divagations du Rhône (1711), profonde avancée de l’agriculture dans le delta sur les bourrelets alluviaux, puis endiguement total, extension des salins et des bourgs (Salin-de-Giraud).
Canalisation et maîtrise du débit du Rhône, déficit d’apports alluvionnaires au delta et à la côte (reboisement du bassin versant, rétention dans les barrages), maîtrise des flux d’eau (irrigation et drainage) font du delta un espace fortement artificialisé.
Intensification agricole (riziculture, maraîchage), industrialisation et urbanisation de la périphérie du delta conduisent à une régression générale des milieux naturels spécialement des zones humides.
Le delta perdra environ 40 000 ha d’espaces naturels. Depuis, leur superficie tend à se stabiliser. Les haies meurent, victimes de la graphiose de l’orme ou sont arrachées. Le mitage urbain progresse. Une politique de protection des paysages de Camargue, de la faune et de la flore se met en place (Parc naturel régional, espaces naturels protégés, plans de gestion, plans de paysage).
La soude n’est longtemps produite qu’avec la plante du même nom, cultivée ou récoltée sur les terres salées. À la fin du 19e siècle, la production de soude - dont une grande partie est utilisée dans la fabrication des savons de Marseille - s’industrialise en utilisant le sel. Les salins s’étendent, transformant la lagune et les terres agricoles en d’immenses bassins de concentration.